Par Perla Bulhoes Pimentel, psychologue Clinicienne à Tours
« Burn-out », « burnout », « maladie des efficaces », « syndrome d’épuisement professionnel », beaucoup de termes pour désigner la même chose : cette sensation d’être « brûlé » de fatigue après des mois voir des années de surinvestissement au travail. Plus de motivation, plus d’envie, un stress chronique et cette fatigue intense qui empêche un jour de se lever le matin.
L’épuisement professionnel est devenu la première cause d’absence prolongé au travail. L’impact économique se chiffre en milliard. Selon des études récentes le burn-out toucherait 12% des salariés en France. Point encore plus éloquent : un salarié sur deux affirme qu’il pourrait être en situation de burn-out dans les années à venir. Toutes les catégories professionnelles sont concernées même si l’on retrouve une dominante de cadres supérieurs et de métiers à « forts enjeux relationnels » comme les métiers du médical, du social, de l’enseignement etc.
Il s’agit donc de bien distinguer le harcèlement au travail du burn-out. De fait l’épuisement professionnel est rarement une conséquence directe du harcèlement moral au travail.
Quels sont les symptômes du Burn-out?
Les symptômes du burn-out sont variés et recouvre une réalité aux contours floues. C’est un état de détresse psychologique lié à l’impossibilité de faire face à un facteur professionnel stressant chronique. En cela il n’est pas un diagnostic médical à proprement parlé. Point central : le burn-out n’est pas une maladie psychiatrique mais une spirale dangereuse qui conduit à la maladie ( dépression, syndrome de stress post-traumatique).
Popularisé par le psychanalyste Freudenberger en 1974 puis par la psychologue Maslach en 1976 , le concept de burn-out désigne au départ le malade, puis les aidants qui sont impuissants à le soigner. Puis récemment il devient un mot « à la mode » allant même jusqu’à devenir une forme de revendication dans certains milieux professionnels : « si je suis en burn-out c’est que je suis un bon professionnel qui se donne à la tâche. Si tu n’as pas fait un burn-out dans ta carrière c’est que tu ne te donnes pas à fond ».
Le burn-out définit l’écart entre ce que les gens sont et ce qu’ils doivent faire. L’élément déterminant est l’association entre le surmenage et le sentiment d’échec; « le sentiment d’inutilité de l’effort » selon C.Dejours.
La symptomatologie du burn-out regroupe plusieurs dimensions que l’on pourrait formaliser via une courbe descendante : le passage d’une conscience professionnelle exacerbée à une baisse du besoin de succès, une perte de sens dans la mission professionnelle qui aboutit à un cynisme et à une volonté de changer de métier.
Se qui se résume en trois phrases :
- « Je suis vidé » : Épuisement physique et psychique
- « Ca sert à rien » : Cynique, détaché du travail
- « J’ai pas signé pour ça, j’ai perdu ma vocation » : perte de sens et de valeur du travail.
Les manifestations de l’épuisement professionnel ont tous en commun de mettre en lumière quelque chose d’un manque de prise du sujet sur le destin de sa vie. Un sentiment d’être « exposé », de ne plus rien contrôler, de ne pas se reconnaître. D’ailleurs les premiers signes annonciateurs du burn-out sont toujours minimisés voir déniés.
Les principales manifestations du burn-out sont de natures:
- Physiques : fatigue chronique qu’aucune période de récréation ne permet d’atténuer, troubles du sommeil et de la libido, mal de dos, vertiges, acouphènes etc…
- Cognitives : difficulté à se concentrer, trous de mémoires, incapacité à pouvoir prendre des décisions.
- Émotionnelles (irritabilité, hypersensibilité).
- Comportementales : baisse de la socialisation ou au contraire besoin frénétique de sortir et de « s’éclater, comportements violents et/ou addictifs, baisse de l’empathie.
- Motivationnelles : perte de sens, des valeurs, dévalorisation, perte de confiance en soi et dans les autres, sentiment de vacuité, ennui.